La Sophrologie ou l’étude des structures positives de l’être
« Tout c’est bien passé. Y’a rien à dire. » C’est ce qu’il m’a été renvoyé hier en allant rechercher mon fils à une sortie avec son centre de loisir. Deux phrases banales, de construction simple et très claire qui apportent satisfaction à un auditoire pressé d’enchaîner le reste de la journée. Personnellement, l’enchaînement de ces deux phrases m’ont fascinée. A tel point qu’elles se sont mises à former des tourbillons dans mon esprit jusqu’à ce que je comprenne ce goût d’inaccomplissement qu’elles ont produit en moi à l’instant même où elles ont été prononcées.
En laissant ces deux phrases résonner, je ressens l’ampleur de la difficulté que nous avons, nous les êtres humains (peut-être plus ceux de la partie occidentale de notre hémisphère) à dire… ou en fait à repérer ce qui se passe bien dans la vie. Le rien, dans « y’a rien à dire » veut dire qu’il n’y a pas eu de problème, de difficulté, de désagrément… et ça, cela signifie que « tout c’est bien passé ». De cette manière l’animatrice du centre de loisir est satisfaite voir heureuse de cette journée passée car elle est en fait soulagée de pouvoir enfin nous remettre nos enfants sains et saufs…
Pourquoi faut-il que nous soyons toujours en vigilance ? en mode survie ? Pourquoi faut-il que le bien-être soit toujours coexistant avec le mal-être ?
La plupart des personnes qui me consultent recherche à « ne plus avoir » : ne plus avoir mal, ne plus avoir peur, ne plus avoir d’angoisse… Mais avec la sophrologie, je ne peux pas répondre directement à cette attente. Je ne peux que leur proposer de faire un pas de côté en cherchant ailleurs la réponse dont eux seuls ont la dissolution. Je leur propose seulement de chercher à « être » : comment être bien, comment être courageux, comment se détendre, comment ressentir de la joie… Car la sophrologie ne s’attarde pas dans l’amélioration de nos points faibles, elle se concentre sur la progression ou le renforcement de nos points forts. Et c’est du travail ! C’est un entraînement quotidien car presque contre-nature. Parce que nous sommes trop habitués à repérer nos défauts ou nos erreurs. Pourtant sur quoi peut-on s’appuyer pour avancer ou progresser ? Souvent quand ça va mal on sait parfaitement décrire ses sources : le manque de sommeil, une séparation, le surmenage… Mais lorsque ça va bien, on en reste là sans descriptif : « Tout c’est bien passé, y’a rien à dire » et au final, on ne sait rien de ce qui c’est passé. On ne sait rien des rires des enfants, de leur joie de se retrouver, de leur émerveillement, de leur découverte, de leur empathie les uns envers les autres, de leurs compétences mises en œuvre tout au long d’une journée ordinaire… Pourtant, c’est toute la définition de ce « bien » qui s’est passé qui est constitutive de la confiance qu’ils peuvent avoir en eux, des valeurs qui construisent leur identité, de moments de bonheur engrammés qui les aidera plus tard à faire des choix libres ou à se souvenir dans les moments plus éprouvant que le bonheur ne se retrouve pas forcément dans l’ablation du malheur.
Et pour cela commençons par nous entraîner à porter le même intérêt (la même empathie) à une personne qui va bien qu’à une personne qui nous partage qu’elle va mal. « Comment ça tu vas bien ! Tu veux bien m’en parler ? Peut-être que ça te permettra d’en prendre un peu plus conscience et moi, ça pourrait aussi me faire du bien. »